vendredi 21 mars 2025

5 - Les Siècles passés

Je vais me contenter d'un survol très succinct de l'Histoire jusqu'au XXème siècle. Le XXIème siècle viendra dans l'article suivant.

 



Les fouilles archéologiques russes menées sous le gouvernement de la République démocratique populaire du Yémen (1967-1990) prouvèrent que l'île était peuplée dès le Paléolithique, il y a 15.000 ans. 

 

 Crédit CC-JB

Dans l'une des nombreuses grottes très profondes des falaises, furent trouvées des inscriptions en sabéen. Celle-ci s'enfonce sur 3 km sous terre.


Aux premiers siècles de notre ère, l'île aurait été christianisée par Saint Barthélémy, l'un des douze apôtres, auquel échut l'Arabie, l'Éthiopie et la Nubie. Puis elle devint un comptoir commercial nestorien, prospère grâce à sa production de résines (myrrhe, encens et sang-dragon), en relations commerciales avec l'Inde, l'Arabie, l'Éthiopie et le monde grec.

Le nestorianisme est une doctrine christologique qui prône une dualité dissociée du Christ entre sa nature divine et sa nature humaine. Cette doctrine est déclarée hérétique lors du concile d'Éphèse (430-431). Nous voilà brusquement dans l'Histoire séculaire des monothéismes.

Au cours des siècles suivants, l'île est un comptoir de la province égyptienne de l'Empire byzantin, qui a favorisé le christianisme sous Constantin le Grand (272-337). Cette province égyptienne de l'Empire romain d'Orient est conquise par les arabes en 641.

 

Le sultanat Mahri de Qishn et Socotra
 

Au IXème siècle, l'île est colonisée par le sultanat sud-yéménite des Mahri de Qishn. Hors la période portugaise, Soqotra dépendra de ce sultanat jusqu'en 1967.

Car au début du XVIème siècle, sur Socotra, surviennent les Portugais.

 


Caravelles portugaises devant Soqotra

 

Le Portugal, en concurrence avec Venise, les mamelouks et les râjahs de Calicut, tente de contrôler le commerce dans l'océan indien. Dans ce but mercantile, les Portugais établissent un fort militaire sur Soqotra en 1507, après avoir vaincu la garnison yéménite. Ils favorisent alors la communauté chrétienne, au détriment des musulmans, transformant la mosquée en chapelle, baptisant à qui mieux mieux, bâtissant monastère et église, attribuant les palmeraies aux chrétiens.

 

Crédit CC-JB

Crédit CC-JB

Filtration de l'eau à chaque source trouvée sur l'itinéraire. Ce jour-là, la réserve s'épuisera.


Crédit CC-JB

La moindre source est une aubaine pour se réhydrater et reprendre figure humaine.

 

Pour eux aussi, les conditions matérielles s’avèrent difficiles quant au ravitaillement, les Portugais évacuent l'île en 1511, quatre ans à peine après leur arrivée.

L'hostilité commune des yéménites et des portugais envers l'Empire Ottoman, favorise cependant un partenariat commercial et militaire avec le sultan Mahri, sous le giron duquel l'île retourne et reste jusqu'en 1967. Les habitants adoptent progressivement l'Islam. En 1800, la dynastie wahhabite rigoriste fait détruire les derniers vestiges chrétiens, églises et cimetières, et impose le respect des coutumes islamiques.

 


Mosquée de Qalansya, seconde ville de l'île, à son extrémité occidentale. 



Tout Qalansya vue "du ciel".
Encore une belle ascension !


Mais surviennent, à leur tour, les Anglais.

En 1839, les Anglais occupent Aden, qui devient un port important, puis peu à peu l'arrière-pays. En 1886, ils établissent le protectorat d'Aden, regroupant une douzaine de sultanats, avec l'accord tacite de l'Empire ottoman, qui maintient sa suzeraineté sur le Yémen du Nord.

Le sultan Mahri accepte à contre-cœur la présence britannique sur l'île en contrepartie d'une redevance annuelle de 3000 dollars.

Mais en 1955, l'esprit anti-impérialiste est exacerbé par Nasser, et en 1959, six premières monarchies font sécession. Pour finir, le protectorat est dissout en 1963, et l'indépendance du Sud-Yémen est accordée en 1967.


Les Russes aussi !

Après le départ négocié des anglais, la République démocratique du Yémen est créée en 1967, regroupant tout le Yémen du sud.

Aux prises avec de graves difficultés économiques, liées en partie au non-respect des négociations par les anglais, le nouveau gouvernement se tourne vers un modèle de développement marxiste-léniniste. En 1970, la faction radicale du PS prend le pouvoir et le pays qui adopte le nom de « République démocratique et populaire du Yémen », accueille, dans le cadre de la guerre froide, les Russes, les Allemands de l'est et les Chinois.

Point positif, une campagne d'alphabétisation nationale ajoute, à l'unique école primaire de Soqotra située à Hâdibo, celles de Qalansya, de Nahoudjad, et d'unités sous tente.

Les soubresauts révolutionnaires sur le continent, dégénérant en guerres fratricides responsables de famines dramatiques, touchent peu Soqotra, si ce n'est par les répercussions de l'isolement politique du Yémen du sud, bête noire des monarchies arabes et des démocraties occidentales.

Aden concède les eaux territoriales poissonneuses de Soqotra aux navires usines de l'URSS qui en font leur chasse gardée.

 

Les reliques des chars soviétiques veillent encore sur une grande partie de la côte nord.
 


Les chèvres investissent jusqu'aux chars.

 


Elles ne sont pas les seules quand nous jouons aux touristes.

 

Sur Soqotra, une base militaire soviétique, prétendue imprenable mais en réalité fictive, joue alors un rôle d'épouvantail pour contrebalancer la base américaine de Diego Garcia située au centre de l'Océan Indien. Devant son importance géostratégique, l'URSS coupe l'île du monde de 1974 à 1990 par une véritable mise au secret. Ni navire de commerce, ni même voilier ne doit s'en approcher.

En 1990, favorisé, après la chute du mur de Berlin, par le désengagement soviétique dans le monde, la réunification de tout le Yémen se réalise. La « République du Yémen » voit le jour.

1 commentaire:

  1. Peut-être bien que cette île maintenant, n'en n'était pas une il y a 15 000 ans ...
    C'est intéressant de voir toutes ces populations qui s'y sont succedé...es

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